Tajmaât, est un terme qui désigne la place publique en Kabylie, un espace de rencontres où les villageois se retrouvent quotidiennement. C'est un modèle ancestral exclusivement masculin. Situé généralement au centre du village, c'est le cas du village Issendlene ou on trouve ces lieux de rencontres.
1️⃣ Le premier lieu dénommé "Tajemaat Oughoudhou", ce nom vient apparemment du fait que ce lieu servait à l'époque de dépotoir. Il est constitué de deux gradins en béton. Dans le banc supérieur est sculpté un petit carré avec des petits trous qui sert de jeu (dama), le jeu de dames est un jeu de société combinatoire pour deux joueurs, au village pour jouer on utilise comme pions des petites pierres rondes et des noyaux de fruits (cerises, peches....). Depuis un certain temps l'endroit a été élargi et aménagé, c'est là ou sont organisés les assemblées du village et les divers fêtes de mariage ainsi que la traditionnelle fête annuelle de remise de prix.
2️⃣ À 50m d'intervalle on allant vers l'extrémité du village ce trouve le deuxième lieu qui porte le nom de "Tajemaat Taassasth" son nom fait allusion au saint ange gardien du lieu. C'est une structure construite avec des pierres anciennes dotée d'une toiture en tuiles, on y trouve des bancs de part et d'autre. Cet endroit est prisé par les villageois surtout quand il pleut ou il fait tres chaud. À une certaine époque, des jeunes jouaient sur le banc inférieur à "Tikefel", ce jeu consiste à faire rouler des boutons d'habillement.
3️⃣ Un troisième endroit qui est considéré lui aussi comme un lieu de rencontres des villageois "Tassaft Gamina ou Yamina", une plateforme située juste à l'entrée du village, contrairement aux autres, elle est dépourvue de bancs, les jeunes s'adossaient aux murs des maisons qui l'entoure.
D'après les scientifiques, l'eau est le milieu dans lequel la vie est apparue sur terre. L’être humain, comme tout organisme vivant, a besoin de ce liquide précieux pour vivre, car c’est l’un des composants essentiels de son organisme.
Conscients de l'importance de l’eau, les villageois se sont investis, depuis des décennies, dans la construction et l'entretien des fontaines et sources qui permettent a la fois l'irrigation des plantations et l'alimentation de l’ensemble des foyers en eau naturelle .
Le village Issendlene, à l'instar des autres villages de Kabylie, disposait jadis de plusieurs sources dispersées au alentour du village et champs limitrophes, dont la majorité ont disparues aujourd'hui faute d'entretien et de sécheresse.
Actuellement il n'en reste que quelques unes qui sont encore fonctionnelles, la plus importante d'entre elles est la fontaine "Oumizav" qui est toujours entretenue et préserver, elle est réservée exclusivement à l'alimentation des foyers en eau potable. Même si maintenant l’ensemble des foyers est raccordé au réseau de distribution de l’eau potable, il reste néanmoins pour la consommation, l’eau cristalline de la fontaine est de loin la mieux prisée à celle des robinets.
La deuxième source plus au moins importante et celle qui est située à "Ajrar", elle est utilisée beaucoup plus à l'irrigation des champs limitrophes.
Un peu plus bas, ce trouve une autre source appelée communément "Tala Khelouf", à l'époque destinée a l'abreuvemement des animaux, qui est malheureusement en voie de disparition.
"Amizav" est aussi le lieu de rencontre par prédilection pour la gent féminine. Il est de coutume de voir des processions de femmes de tout âge, cruche, bidon sur la tête, faisant des allées et venues. d’autant plus que "Thala" est le seul endroit où l’homme ne s’invite guère à perturber ce rassemblement.
Si pour certaines femmes, aller à la fontaine est synonyme de corvée, pour d’autres, c’est l’occasion de s’évader de la maison pour donner libre cours à leurs pensées.
C'est une tradition au village Issendlene, la fontaine "Amizav" est la destination par excellence pour toute nouvelle mariée, sa première sortie après mariage pour aller chercher de l’eau accompagnée des femmes de sa famille.
Ces véritables joyaux doivent être protégés et perpétuer cette tradition, car ils constituent un pan de notre patrimoine ancestral.
Patrimoine matériel du village Issendlene "Thakubets"
Il n’y a presque pas de village kabyle sans mausolée (Thakubets). Le plus petit hameau possède son sanctuaire, son marabout protecteur et gardien de la mémoire.
Ce lieu de culte dressé à la mémoire de l’ancêtre, ou d’un personnage dont le charisme a mérité la vénération de la tribu, est régulièrement entretenu et visité. On y pratique des rituels de recueillement et de méditation. On y sollicite la protection de l’ancêtre, sa baraka, persuadé qu’il est à l’écoute des multiples doléances, prêt à soulager les indicibles douleurs !
Certaines pratiques , que d'aucuns qualifient de "fétichisme " sont présentes sur toute l'étendue du grand Maghreb .
C'est le cas du village Issendlene ou le sage Sidi El Mahfoud, de son vivant, bénéficiait d'une large audience et influence auprès des villageois, Sa parole revêt toujours une autorité morale, plein de sagesse il savait toujours réconforter ceux qui l'approchaient, en trouvant les mots qu'il faut pour les conseiller, ou leur donner espoir et courage, en cas de litige entre les villageois, ces derniers préféraient recourir à ce sage pour le règlement de tout conflit, plutôt que de s'en remettre à la justice.
L'ancêtre des Ath Vrahem d'Issendlene Sidi El Mahfoud "amezouarou" (premier) est venu s'installer dans le village Issendlene bien avant le siècle dernier. Il venait du village Koukou , mais ces ancêtres sont originaires de Takana n' Sidi Vouyahia .
Dans son périple , il était à la recherche d'un endroit pouvant lui assurer l'eau et la paix (aman edh lamane). En transitant par village Issendlene, il fût accueilli par des sages de l'époque qui l'ont rassuré qu'il ne pouvait pas trouver mieux. Il s'y installa donc durablement et une "Kubba" (mausolée) fût érigée en son honneur.
Sidi El Mahfoud à l'instar de tous les saints de la région était d'obédience de la confrérie Rahmania (tari9a Rahmania). Il se maria et eût un garçon qu'il a prénommé Arezki .Arezki épousa Dehbia Taboukessimt . De cette union naît en 1900 Sidi El Mahfoud " ouissine" (deuxième) qui est décédé le 09/01/1970 à l'âge de 70 ans.
Son mausolée "Thakubets" reste à nos jours un passage obligé "Ziara" pour tous les enfants nouvellement circoncis, aussi aux heureuses mariées en rentrant ou quittant le village.
*Nos remerciements à Monsieur Ait hocine Hamid pour les informations fournies.
Patrimoine Matériel du village Issendlene "école primaire de Boushel"
Les années d’école primaire sont un petit miracle pleines d'anecdotes et de bons souvenirs, nous sommes nombreux et nombreuses à avoir une pensée émue pour ces premiers pas à l’école, c'est un moment important de notre vie qu'on n'oublie pas, les souvenirs ont de quoi nous rendre nostalgiques.
Beaucoup parmis ceux qui ont débuté leur scolarité à l'école primaire de Boushel, ont réussi leur parcours scolaire.
Inaugurée en 1971, l'école est malheureusement fermée depuis un certain temps, apparemment en raison de nombre insuffisant d'élèves qui sont aujourd'hui orientés vers des écoles limitrophes.
À rappelé que lors de la rencontre avec le wali de Tizi-Ouzou, le comité a soulevé le problème de la fermeture de l'école et a demandé sa réhabilitation, le premier cité a promis de saisir la direction de l'éducation pour mieux comprendre la situation relative a cette école.
Patrimoine immatériel du village Issendlene "LAKHWAN"
Le village est connu depuis la nuit des temps pour cette pratique religieuse ancestrale, qui consiste à faire l'éloge de la religion mais en version purement Kabyle. Etant connus de réputation les Khounis du village sont sollicités à travers l'ensemble du territoire de la daira de Ain El Hammam voir même dans certaines localités de la Wilaya et ailleurs lors des veillées funèbres.
Ce chant religieux ancien ce transmis de génération en génération, il est préservé et sauvegarder jusqu'à nos jour. Le village Issendlene peut s'enorgueillir de ce patrimoine immatériel, qui est à la fois cultuel et culturel.
Cultuel parce que les paroles font la plupart du temps référence au texte sacré , au Bon Dieu et à ses prophètes.
Culturel car le texte du dhikr est souvent empreint d'éloges à l'endroit de la société kabyle ( sagesse , entraide sociale , amour de la patrie , exil etc...).
Le dhikr n'est pas l'apanage des hommes , bien des femmes , se constituant groupes , déclament douceureusement les textes soit lors des veillées funèbres ou bien lors de leur visite aux différents Saints de la région .
S'agissant de la datation du dhikr , il n'est pas aisé de donner une date avec précision , tant il n'y a aucun écrit à ce propos . Cependant on peut donner approximativement le début de son apparition . Il s'agirait probablement de l'époque où les gens rendaient visite à Cheikh Mohand Oulhoucine , le Saint patron de la région ,
Car on a souvent entendu nos parents dire que "flen est un khouni de Cheikh Mohand".
Trois générations successives ont marqué l'histoire d'El khouan du village Issendlene.
La première et la deuxième génération , hélas , ils ne sont plus de ce monde à l'exemple de Belaid Ihaddadene, tombé au champ d'honneur durant la révolution , Arezki Ihaddadene, Ait Hocine Rabah, Ait Ali Braham Arezki.
La deuxième génération , a pris le flambeau après la disparition de leurs aînés , il s'agit entre autres de Ali Ath Ali , Amar son frère , Tahar Ath Ali , Vousaad Ihaddadene (paix à leur âme).
Actuellement, la relevé est assurée car le village posséde des maîtres dans ce domaine à l'instar de Ihaddadene Rachid et de Ait Mouhoub Salem et bien d'autres encore ( la liste n'étant pas exhaustive ).
À signaler que dans certaines régions , le dikr est parfois accompagné d'instruments musicaux traditionnels tel que el ghaita et amendayer.
Le regretté El Hadi Ath Ouares, qui excelle dans le domaine, qu'on peut considérer comme faisant partie du village puisque sa mère est originaire d'issendlene.
*Nos remerciements à Messieurs Ait hocine Hamid et Ould kaci Ameziane pour les informations fournies
Patrimoine matériel du village Issendlene "AGHERAF"
Impressionnantes pierres arrondies, travaillées dans le grès, les meulières constituent les meules servant à moudre le grain et d'autres substances.
Souvent qualifiée de plus vieille des industries , l’utilisation de la meule de pierre à bras est indissociable de l’histoire humaine. Intégrée à des processus alimentaires, son usage est resté constant jusqu’à la fin du xixe siècle, où elle fut progressivement remplacée par des outils métalliques et machines.
Un modèle de cette grande pierre arrondie ce trouve jusqu'à ce jour au niveau du village Issendlene plus précisément à Annar Ihaddadene.. Il y'avait une autre pierre identique à celle là qui se trouvait devant la vieille maison de Ouidir Ihaddadene, elle doit être la deuxième partie jumelle à celle toujours existante.
Dans le temps nos aïeux se servaient pour moudre le blé, à l'époque le village disposait de deux moulins fonctionnant à l'eau, ils appartenaient à Farhath Ath 3li et Uyidir Ath Vuhuni.
*Nos remerciements à Messieurs Ait hocine Aberkane et Ait Ouadour Mouloud pour les informations fournies
Patrimoine Culturel
Berbère (langues berbères)
Le berbère (tamazight en berbère) couvre une aire géographique immense : Afrique du Nord, Sahara-Sahel ; On peut le considérer comme la langue autochtone du Nord de l’Afrique. Le berbère est l'une des branches de la grande famille linguistique chamito-sémitique (ou afro-asiatique), qui comprend, outre le berbère, le sémitique, le couchitique, l'égyptien (ancien) et, avec un degré de parenté plus éloigné, le groupe "tchadique" (haoussa).
Langue partout minoritaire, elle est diversifiée en de nombreuses variétés dialectales dont l’importance démographique va de quelques centaines à plusieurs millions d’individus. Le nombre de berbérophones est difficile à évaluer en l'absence de recensements linguistiques fiables et de la situation sociolinguistique générale très défavorable à la langue berbère. On rencontre les berbérophones principalement au Maroc (40 à 45% de la population) et en Algérie (25 à 30%), au Niger, au Mali et au Burkina-Faso (touareg), en Libye, en Tunisie et aux extrémités du domaine berbère, en Mauritanie et en Egypte. Il convient également de mentionner l’importante population résidant à l’extérieur des régions traditionnellement berbérophones, notamment dans les grandes villes d’Algérie et du Maroc, mais aussi en Europe, surtout en France, où l'immigration berbère est très ancienne et numériquement considérable : les Kabyles à eux seuls y représentent sans doute près d’un million de personnes.
Alors que le touareg bénéficiait depuis les indépendances du statut de « langue nationale » au Niger et Mali, le berbère est longtemps resté sans aucune reconnaissance institutionnelle en Algérie et au Maroc. Le statut du berbère a connu cependant de sensibles améliorations depuis quelques années dans ces deux pays. En Algérie, le berbère est depuis 2002 « langue nationale » et au Maroc, il est « langue officielle » depuis 2011. Il faudra de nombreuses années pour que les effets de ces évolutions statutaires soient significatifs d’autant que la variation dialectale ainsi que la multiplicité des parlers n’arrange rien. Dans tout le domaine berbérophone, la majorité des variétés sont en danger dans les pays où cette langue n’est pas reconnue, en Mauritanie, en Tunisie et en Egypte en particulier, mais également en Algérie par exemple où plusieurs parlers sont en voie d’extinction.
Bien que le berbère soit une langue essentiellement de tradition orale, les Berbères possèdent, depuis au moins deux millénaires et demi, leur propre système d'écriture appelé « libyco-berbère » (tifinagh en berbère). Il s'agit d'un système alphabétique (consonantique) aux usages traditionnellement assez restreints (funéraires, symboliques et ludiques). Actuellement, cet alphabet est toujours utilisé par les Touaregs et il a connu, sous des formes adaptées, une certaine extension dans les milieux kabyles et marocains. Depuis le XXe siècle, l'écrit berbère utilise surtout le support de l'alphabet latin (avec diverses adaptations) ou celui de l'alphabet arabe (en particulier au Maroc). A partir de 2003, le Maroc a fait le choix d’un alphabet néo-tifinagh comme système graphique « officiel » pour le berbère.
Le berbère a été en contact avec de nombreuses langues extérieures depuis la plus haute Antiquité : le punique d'abord, avec Carthage et les autres implantations phéniciennes ; le latin pendant toute la durée de la domination romaine et de la période chrétienne ; l'arabe, depuis la conquête de l'Afrique du nord et l'islamisation des Berbères (début du VIIIe siècle) par les Arabes. Le français, enfin, à travers la colonisation. Mais c'est surtout l'influence de la langue arabe, à l'œuvre depuis 13 siècles, qui est, dans presque tous les dialectes, très sensible, notamment au niveau du lexique.
L'enseignement du berbère à l'Inalco a débuté en 1913. Il associe initiation pratique à différents dialectes et formation théorique en linguistique, littérature et civilisation. Trois variétés sont actuellement enseignées à l’Inalco : le kabyle (taqbaylit, Algérie), le Chleuh (tachelhit, Sud du Maroc) et le touareg (tamacheq, Sahara-Sahel). L’Inalco est le seul établissement en Europe qui propose un cursus complet de berbère, de la licence au doctorat.
Source :https://www.inalco.fr/langue/berbere-langues-berberes
Langue et littérature berbères
Par Salem Chaker Professeur de berbère à l'Inalco, Directeur du Centre de Recherche Berbere
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